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Analogie Identitaire
14 octobre 2015

La mauvaise idée du regroupement en prison

Selon un rapport de la contrôleure générale des prisons, le regroupement de détenus islamistes est "potentiellement dangereux". Le rapport se base sur une expérience pilote menée à Fresnes depuis 2014 où 22 détenus sont isolés dans un quartier. Regrouper les prisonniers islamistes radicalisés est une mauvaise idée. C’est ce qu’estime la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, en conclusion d’un rapport dévoilé mardi 30 juin. Pire, cette mesure, expérimentée dans une seule prison pour l’instant, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, est "potentiellement dangereuse", selon l’auteure du rapport qui y est "défavorable". Le premier ministre Manuel Valls avait annoncé le 21 janvier, après les attentats de Paris, la création de quartiers dédiés à l’isolement de détenus identifiés comme islamistes radicaux. Objectif premier : éviter qu’ils n’influencent d’autres détenus. Car lorsqu’il est apparu que l’un des Frères Kouachi, auteurs de l’attentat de "Charlie Hebdo", et Amedy Coulibaly, qui a perpétré celui de l’Hypercacher, s’étaient rencontrés à la prison des Fleury-Mérogis, les centres pénitenciers ont été ciblés comme lieux de radicalisation. Le rapport étudie la prise en charge de la radicalisation dans quatre établissements pénitentiaires dont la prison de Fresnes, où est menée depuis octobre 2014 une expérience pilote : 22 détenus qu’on a estimés radicalisés sont regroupés dans un quartier isolé de la maison d’arrêt. Si selon la direction de la prison, citée dans le rapport, "le regroupement a eu un effet apaisant sensible sur le reste de la détention", Adeline Hazan est toutefois défavorable à sa généralisation. "Les personnes regroupées rencontrées par le contrôle général ont, pour la plupart, confié leur crainte d’être étiquetées durablement comme islamistes radicaux, et de ne pouvoir se défaire de l’emprise de leurs codétenus", écrit-elle dans son avis. Elle estime notamment que "le regroupement des détenus radicalisés présente des risques, qui ne paraissent pas avoir été pris en compte, notamment la cohabitation de personnes détenues présentant des niveaux d'ancrage très disparates dans la processus de radicalisation". En outre, la contrôleure juge "discutable" le seul critère d'une condamnation pour des faits terroristes retenu à Fresnes et considère également que "la grille d'évaluation de la dangerosité n'est plus adaptée à l'évolution du phénomène" et dénonce l'absence de cadre légal précis à ce nouveau régime de regroupement qui, en conséquence, "ne peut faire l'objet d'aucune des voies de recours habituelles". La France, comme tous ses voisins européens, tâtonne dans sa lutte contre l'islamisme, à la recherche d'une réponse judiciaire proportionnée qui prenne en compte le risque de radicalisation dans ses prisons surpeuplées. Adeline Hazan appelle les pouvoirs publics à évaluer les programmes de "déradicalisation" qui ont commencé depuis mai dans certaines prisons et à lancer une réflexion sur la prise en charge des jeunes de retour des zones de jihad armé, autrement que par la détention. "L'incarcération ne peut pas être le mode de traitement indifférencié d'un phénomène qui touche désormais plusieurs centaines de personnes au degré d'engagement très disparate", dit-elle.

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